jeudi 21 mai 2015

une expérience inoubliable (2)

Après vous avoir expliqué comment j’avais découvert l’existence de JACK, je vous emmène cette fois, avec moi, au CONGO !

Nous sommes le 1 septembre 2009. Après de longs vols et diverses escales (à elles seules une véritable aventure!) me voici sur le tarmac de Lubumbashi ! 

M’attendent à l’aéroport Roxane et les enfants que je rejoins avec une grande émotion...Nous prenons la route pour leur domicile où je logerai tout au long de mon séjour. 

En effet, Roxane a récemment expliqué les conditions dans lesquelles ils ont reçu quelques personnes (privilégiées) au sein de leur maison familiale, faute d’avoir, même encore pour le moment, un camp d’accueil pour les bénévoles souhaitant s’investir sur place. Je remercie d’ailleurs leur fils de m’avoir généreusement confié sa chambre tout le long de mon séjour à Lubumbashi – à cet âge, c’est un sacré sacrifice !!

Arrivés sur les lieux, j’aperçois, au loin, dans le jardin, trois, petites créatures poilues ! Santa, Maïka et Kimo étaient en effet en quarantaine au domicile de la famille car très malades. Ils étaient si petits et si faibles qu’il avait été décidé qu’ils seraient bien mieux au chaud, chez Franck & Roxane, plutôt que dans l’espace de quarantaine de JACK, soumis au froid qui sévissait à ce moment là (septembre, en RDC, c'est l'hiver austral!).

A ma grande surprise, en descendant du véhicule, j’ai vu les trois petits poilus se diriger vers moi. J’avais imaginé que les chimpanzés seraient beaucoup plus farouches à mon égard. Non… pas ceux-ci … Un moment de grâce !

L’après-midi même, je me suis rendue sur le site de JACK  avec Franck et Roxane afin de découvrir le sanctuaire et ses pensionnaires. Je mettais un visage sur le nom des chimpanzés que j’avais pris tellement de plaisir à regarder en photo et dont je connaissais par cœur les histoires racontées par Roxane . 

C’était très émouvant pour moi de les voir, de les entendre - Ah ça pour les entendre, je les ai entendus ! Le moment du repas c’est quelque chose ! Des vocalises incroyables…



Chez eux, cette fois, pas d’accueil enjoué ! Beaucoup m’observaient entre deux cris stridents témoignant d’une grande excitation le moment du repas approchant! Beaucoup plus grands, imposants, impressionnants que les 3 petites crevettes en quarantaine chez Franck & Roxane!

J’étais nouvelle pour eux, ils l’étaient beaucoup moins pour moi. Je les ai donc observés avec respect, émerveillée.  J’ai également fait connaissance avec l’équipe de J.A.C.K. : Maman Angeline, Maguy, Papa Augustin, Bukasa, Henry, Christian, ... Ceux qui quotidiennement s’occupaient du site et de ses pensionnaires.

Les jours qui ont suivis je les ai essentiellement passés avec Augustin, le soigneur qui s’occupait habituellement de la nurserie et qui avait été dépêché au domicile de Franck et Roxane pour s’occuper des trois petits malades. Car il est bon de préciser que Franck et Roxane, en dehors de JACK, ont une vie professionnelle et élèvent leurs deux enfants ! Rappelons que leur travail à JACK, contrairement à d’autres structures, est totalement bénévole et que comme c’est le cas pour la plupart d’entre nous, ils doivent subvenir aux besoins de leur famille.

Les journées pour eux sont donc triples. Triples et… congolaises !

Découvrir JACK c’est aussi découvrir les aléas africains. Les coupures de courant intempestives,  sans parler de celles de l’eau pour ne parler que de cela !

Le premier soir, à la lueur des bougies, j’ai souri en disant à Franck : “ C’est drôle, on se croirait un peu au camping !“ – lui m’a répondu en riant : “ ah, ben toi, tu vois les choses du bon côté au moins !

Oui,  enfin c’était avant que je constate que Roxane se levait tous les matins à 4h30 pour faire chauffer l’eau qui servirait à la préparation du lait donné aux chimps le matin même (car à JACK il n’y avait pas d’électricité). Pendant que l’eau chauffait, elle se précipitait sur son ordinateur pour répondre aux mails des personnes qui la contactaient pour JACK, rédigeait les comptes rendus, les demandes de subventions, les articles a poster sur le site, les nouvelles aux parrains etc avant que le courant ne s’en aille et ce pour de nombreuses heures ! Chaque jour le même et si nécessaire rituel !

Sans eau ni électricité gérer une ONG, une vingtaine de chimps  et une famille devient vite compliqué ! Le seul moyen d’y parvenir était donc le réveil… avant l’aurore !

Santa, Maïka et Kimo rétablis, Franck et Roxane ont décidé qu’il était temps de les ramener chez eux, à J.A.C.K, au sein du groupe de la nurserie. J’ai alors moi aussi pris le même chemin et ai, avec celui-ci, connu le reste de l’organisation matinale (après les coupures !).

Les enfants réveillés et prêts, avant de partir, nous voilà tous à la préparation du lait destiné aux chimps car à JACK ce moment se fait en famille! Chacun ses bouteilles, ses petites dosettes et “hop“ chacun pioche et compte le nombre de cuillères nécessaires à chaque bouteille de lait (pas loin d’une quinzaine de mémoire à l’époque). 
Après avoir déposé les enfants à l’école, en route pour JACK avec le lait tant convoité et distribué dans la foulée ! On check les chimps, les observe afin de vérifier que tout aille bien, on administre les traitements si besoin, s’entretient avec le personnel pour organiser la journée à venir, on fait le tour des infrastructures pour s’assurer que tout fonctionne bien, et pour Franck et Roxane, le temps  est venu de revêtir leurs tenues de travail et de prendre la route pour ce dernier (Franck gère l'hôtel de la famille de Roxane et celle-ci l'assiste bénévolement).

Je découvre qu’à JACK aussi les journées sont cadencées par les multiples tâches quotidiennes !
Le nettoyage des enclos de nuit et de jour, la préparation des repas pour les chimps (laver, couper, peser les légumes), la distribution des repas, la coupe de la paille pour que les chimps puissent en faire des nids la nuit tombée, l’administration des traitements médicaux en période d’épidémie, la pesée, prise de températures des plus jeunes, la réception des denrées alimentaire et sa gestion, l’observation des chimps, sans compter les courses et les trajets dans les fermes aux abords de Lubumbashi pour dénicher des fruits et légumes au meilleur prix, la gestion administrative de l’ONG, la surveillance du site, le suivi des constructions en cours, la sensibilisation faite aux enfants et écoles venus visiter le sanctuaire… j’en oublie tellement ! Je ne cite là, de mémoire, que les tâches habituelles car la vie à JACK est aussi et surtout faite… d’imprévus ! 


Les feux, les conflits et blessures des chimps, les invasions de fourmis rouges, les tentatives d’évasion des chimps, les maladies, les nouveaux arrivés, les confiscations,  les mouvements de foules ne sont qu’une infime partie d’entre eux ! Les journées passent et ne se ressemblent pas… JAMAIS !


Rentrés au domicile on ne s’arrête pas en si bon chemin, on continue nos petits rituels, je le répète, tant nécessaires ! Car en effet, le stockage de l’eau dans des barils pour les chimps en prévision des coupures d’eau, d’un peu d’eau dans la baignoire pour que chacun puisse faire sa toilette une fois la journée terminée, la gestion des denrées alimentaires, du rationnement etc sont autant de petites tâches quotidiennes supplémentaires inhérentes à la vie du sanctuaire, inhérentes à la vie citadine lushoise/de Lubumbashi.

Chaque soir nous mangions à la lueur des bougies (coupure de courant oblige - Franck & Roxane n'ont pas de groupe électrogène!). Un de mes moments préférés où chacun racontait sa journée. Où Franck et Roxane avaient toujours des anecdotes à peine croyables à raconter ! Il nous fallait peu de temps pour gagner nos lits tant attendus après des journées bien chargées.

Le premier soir, je me souviendrai longtemps du conseil donné par Franck:

Si tu entends des coups de feux, tu te réfugies illico dans le couloir où il n'y a pas de fenêtres afin d’être à l’abri des balles“ car en effet, quelques jours à peine avant mon arrivée, Lubumbashi avait connu quelques troubles et le jardin de Franck et Roxane avait été balayé par des tirs (non ciblés). 

Ok,... c’est entendu !“  - Bienvenue dans la réalité Jackienne !-





Carole V

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